L'humanitude
C'est un jour comme un autre dans ce stage au bloc opératoire.
Oui, j'ai été gentiment posé en minoulogie gynécologie, autant dire que depuis 15 jours je pourrais réinventer la chanson des kikis, version femmes...
Je n'avais jamais eu l'occasion de confirmer qu'il existe des guerres dans tous les services, même au bloc... c'est chose faite...
Les ASH irritent les aides soignantes qui ne sont pas contentes de leur traitement par les infirmieres qui elles ne comprennent pas pourquoi la cadre les oblige à faire la spécialite d'IBODE (Infirmière de Bloc Op Diplomée d'Etat).
Quant aux IBODE, c'est la guerre froide avec les IADE (Infirmieres Anesthésistes) qui ne portent jamais de café et restent entre elles (oullala c'est pas gentil ca), les IADE râlent après les anésthésistes qui prennent des décisions thérapeutiques sans les consulter, puisqu'ils sont en staff (cqfd réunion pour contredire les chir sur les prises en charge des patients). Les chirs s'en prenant donc aux internes qui, selon eux ne sont : jamais à l'heure, jamais assez formé, n'ont pas assez de connaissance, sur le patient, sur la patho, sur le matériel, sur la chir... Les internes délaissent donc les externes qui ne sont là que pour observer, limitant donc la place au bloc aux élèves infirmiers.. qui du coup aident les ASH...
la boucle est bouclée...
Et le patient dans tout ca ?
Voila comment une jeune demoiselle d'une trentaine d'années arrive par les urgences pour un saignement anormal.
L'externe des urgences (il est 4h du mat') récupère les étiquettes du patient sur la banque, étiquette cette jeune et angoissée demoiselle qui était enceinte de quelques semaines, et qui l'envoie au bloc.
Dans ce capharnaum des soignants qui passent devant elle, préparent les champs, préparent les drogues anésthésiantes, l'installent sans la rassurer, la peur se lit sur son visage. Elle ne comprend visiblement pas ce qu'elle fait là, ses saignements ? son mari ? son bébé ?
Personne ne prend 10min pour lui parler, chacun étant persuadé que les urgences lui auront déjà expliqué (les urgences pensaient ils que les pompiers l'avaient déjà informé ?...)
Bref cette jeune dame s'endort, (diprivan(r) quand tu nous tiens), et la voila chez moi, en salle de réveil.
Je la récupère et me rend compte à son bilan qu'une transfusion est (vraiment) nécessaire.
Dès son réveil, avec toute ma bonne volonté de gentille et disciplinée élève, je fais les derniers tests de transfusion au lit du patient, et je l'informe que Mme Gramber, vous allez être transfusée.
en pleurs, cette jeune dame m'explique que non seulement elle ne sait pas où elle est, ce qui lui est arrivé, où son mari, et qui est Mme Gramber ?.....
Par tous les problèmes inhérents aux lourdeurs administratives, aux gueguerres entre service, entre hierarchie, entre collègues, le patient lui même est complètement oublié, pitié mon dieu faîtes que je ne devienne pas comme ca.. .. .. (et si je faisais plutôt caissiere à carrefour ?...)
Pour la fin de l'histoire, la vraie MMe GRAMBER a été retrouvée (elle avait des douleurs abdos et était en gastro-entéro, on a rendu son nom à ma patiente qui a finalement bel et bien transfusée..
