Je ne suis pas folle, je suis infirmière...

Publié le par une (toute) petite ESI



L'hôpital et son univers est un élément capital dans la vie personnelle d'un infirmier, d'un aide soigant, d'un ASH ou quiconque travaillant auprès de personnes malades.
Moi je trouve qu'on est tous un peu proche de la folie douce... On vit des évènements super douloureux, qui, je le dénonce ouvertement, ne "s'en vont pas une fois qu'on a posé la blouse dans le vestiaire", non môsieur... et on a tous des manière de se protéger de cette violence quotidienne...

Je m'en vais vous conter l'histoire d'une nuit en réa ....
Toute ressemblance avec un évènement, un lieu, une situation passée est fortement faîte exprès... rien n'a été ajouté, rien n'a été enlevé, à part les bruits des alarmes et les prénoms des infirmières...

Le déchocage est plein, nous, en réa, on a encore 2 lits de dispo.. Ce qui veut dire que le prochain AVP (accident) qui sera ramassé par le Samu atterrira directement chez nous...

La pression monte doucement et quand le téléphone retentit, tout le monde s'arrête de respirer..

 "Allo, oui, ok, oui 1 lit de dispo oui.... Ah... d'accord, on vous attend...."

Ca y est, notre accident arrive.. un "qu'est ce qu'on a ?" d'un ton détaché et l'info est lançée  ... Accident de moto avec perte de connaissance à l'arrivée des secours.. ça, c'est pas bon...

Le médecin, l'interne, l'externe, les 3 infirmières, les AS, les élèves,  tout le monde se met à faire se pourquoi il a été formé.. On dirait une fourmillière, tout le monde à une tâche bien précise et il faut vraiment voir ça au moins une fois dans sa vie pour comprendre comme l'ORGANISATION et la COHESION de groupe peut être efficiente dans une situation pareille..

Puis le Samu, les pompiers, et la patiente.
Elle est pleine de jeunesse, elle est pleine de beauté, et elle est pleine de sang.

Le choc a du être brutal et la vision extérieure laisse présager des lésions internes du même type...
Presque toute l'anatomie du squelette y passe :  fracture tibia, péroné, fémur,  humérus, cubitus, clavicule..

L'équipe de réa est très compétente et simplement par les infos données par téléphone, la quasi totalité de l'équipement à implanter est déjà prêt. Le chir vient fermer les fractures ouvertes pour empêcher qu'elle ne se vide de son sang pendant que le réanimateur pose le KT radial et la VVC, la radio est là pour nous fournir les premiers diagnostics.

Soudain, l'infirmière, devant cette femme nue dont les pupilles sont en mydriases bilatérales, devant  ce bras poly fracturé balant, cette jambe à 90°, ces draps tâchés de sang, ce 7 de tension qui fait sonner le scope en alarme rouge, devant ce médecin qui pose un KT et ce chir qui suture ce qu'il peut, cette infirmière  se met à crier "Oh mon Dieu !"
Tout le monde la regarde et là elle montre avec son doigt le pied droit de la patiente et crie alors au chirurgien "Oh mon dieu, s'il te plaît, quand tu auras fini, tu pourras lui enlever l'ongle du pouce qui s'est retourné ? Ca fait super mal et je déteste voir ça, ca me met les frissons..."

Tout le monde a finit son travail dans le calme, personne n'a relevé, acquiescant passiblement devant le chirurgien qui, après avoir finit son travail enleva l'ongle incarné de la patiente, "parce que c'est vrai que ca fait super mal"...
 

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T
excellent !!! c'est tout a fait cela !!! j'ai vu une collegue s'evanouir devant un patient qui avait ses dents dans la main alors que par ailleurs le femur lui chatouillait les cotes !!!
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